Rencontre avec Max Gagnin, autour du livre Essentiel des Paris Sportifs
Max Gagnin, bonjour. Votre nouveau livre sur les paris sportifs sortira le 10 octobre 2022, et il est déjà disponible en avant-première sur fantaisium.fr. Pouvez-vous nous le présenter ?
Son titre est Essentiel des Paris Sportifs. En fait c’est mon tout premier livre en tant qu’auteur. Il est destiné à tous les joueurs et parieurs, d’où qu’ils viennent, quels qu’ils soient. Il leur donne les bases pour se familiariser avec les paris sportifs, et pour mieux rentabiliser leurs mises. Ceux qui jouent déjà aux paris sportifs y trouveront aussi des approches nouvelles, des repères nouveaux.
Vous jouez aux paris sportifs depuis combien de temps ?
J’ai commencé à parier vraiment au moment de la Coupe du Monde de football de 2014 au Brésil. Je ne jouais qu’aux paris hippiques, mais quand je me suis rendu compte que l’analyse d’avant-match était assez proche dans le sport, j’ai regardé de près la question et j’ai fait appel à mon expérience et aux conseils en ligne pour sélectionner les meilleurs paris à jouer. J’ai eu des résultats encourageants dès le début, alors j’ai continué, en me disciplinant toujours plus et en essayant par tous les moyens d’améliorer mes analyses d’avant-match. À partir de là, j’ai cumulé paris hippiques et paris sportifs, ce que je fais toujours aujourd’hui.
J’ai fait aussi un passage par le poker en 2009 à travers l’École Française de Poker de François Montmirel, où j’ai beaucoup appris. Mais même si je ne suis pas maladroit au poker, j’ai davantage l’âme d’un parieur. En 2014, François m’a demandé d’adapter un livre très intéressant sur les courses de plat et d’obstacles, 73 Systèmes pour Gagner aux Courses. Il voulait quelqu’un qui utilise le vocabulaire propre aux courses pour avoir une traduction pertinente.
Il existe des professionnels du pari sportif ?
Tout à fait, et cela ne m’étonne pas car je viens du milieu du pari hippique, où j’étais déjà professionnel. Ces types de pari demandent un minimum d’analyse course par course, match par match, pour découvrir la cote qui surpaie le pari. C’est le principe de base, autant dans les paris hippiques que dans les paris sportifs. C’est ce qu’on appelle les value-bets ou les surcotes, et mieux vous arrivez à les repérer, plus vous dégagez de profit sur le long terme.
Pour vous donner un exemple concret, si le bookmaker vous paie 3 contre 1 une chance qui, selon vous, se présentera à la fréquence de 2 contre 1, vous dégagerez mécaniquement un bénéfice. C’est une surcote, car le bookmaker vous paie une sorte de bonus sans le savoir. Tant que vous ne jouez que des surcotes, vous êtes certain de dégager du profit sur le long terme. Comme au poker, en cash-game, quand vous ne jouez que des coups où vous avez un avantage.
Et comment calculez-vous la probabilité de gagner d’un sportif ou d’une équipe ?
Les bookmakers sérieux fournissent des éléments d’analyse, comme des historiques ou la forme du moment, mais cela ne suffit pas toujours. Il faut trouver d’autres éléments dans des sites d’information sportive ou des forums. En croisant ces éléments d’information, on crée nous-même nos propres probabilités, donc nos propres cotes. Une fois qu’on les rapproche des cotes proposées par le bookmaker, on voit tout de suite s’il y a surcote ou non. C’est cette démarche que je détaille dans mon livre. Tant que vous jouerez des surcotes, forcément vous serez gagnant à la longue.
Vous jouez toujours avant le match ou aussi pendant le match ?
Les deux ! Certaines cotes sont valables avant le match, et il y a une tendance au resserrement des cotes au fur et à mesure qu’on se rapproche de la date de l’épreuve. Par exemple dans le match Clermont/PSG, dans la première journée de la saison 2022-2023, la cote du PSG était de 1,36 une semaine avant, et c’était une surcote évidente ! Le matin du match, elle était retombée à 1,20, et ce n’était plus une surcote. Simplement parce que les informations connues ont amené le bookmaker à réduire ses cotes : joueurs retenus, forme des joueurs, etc.
Pendant le match, il y a aussi d’excellentes occasions à saisir, mais attention : cela exige beaucoup de discipline, car on a vite fait de s’emballer et de prendre des paris trop chers.
Par exemple, dans le match Serena Williams/Anett Kontaveit, dans les 32e de finales de l’US Open 2022, la 605e joueuse mondiale affronte la numéro 2. Williams, du haut de ses 40 ans, fait figure de vétéran. Mais c’est une légende du tennis avec 23 titres du Grand Chelem au compteur. Même si on a pu voir Williams gagner au tour précédent, il était très difficile de parier juste avant ce match-là. Avant de parier quoi que ce soit, il fallait voir Williams évoluer sur le cours face à Kontaveit. C’est ce que j’ai fait. Williams a arraché le premier set au tie-break, puis a réduit la vitesse dans le deuxième, qu’elle a concédé 2-6. Il était évident qu’elle avait ralenti en fin de deuxième set pour s’économiser physiquement et tout donner dans le troisième set en servant la première. D’ailleurs elle a quitté le court un instant juste avant d’entamer le troisième set. À ce moment précis, sa cote était de 3,20. Au vu de son jeu dans les deux premiers sets, elle avait d’après moi une probabilité de 45% de gagner, ce qui aurait dû se traduire par une cote de 2,22. La cote de 3,20 était donc clairement une surcote, et je l’ai jouée immédiatement. Elle a gagné 6-2 dans le troisième set et a remporté le match. Vous voyez qu’en étant patient et avisé, il est assez facile de gagner de l’argent dans les paris sportifs. Encore faut-il le faire avec méthode et bien sélectionner les matches.
Toujours dans le même match, rendez-vous compte qu’au 3e set, alors que Williams menait 5-2 et 30-0 (voir photo), sa cote était encore de 1,06 ! C’est-à-dire un ROI de 6% ! Alors qu’elle était à 2 points du match ! Là aussi, il y avait une énorme surcote, donc une véritable opportunité de faire de l’argent facilement.
Mais il faut faire attention, car beaucoup de cotes peuvent passer pour des surcotes alors que c’est faux. Par exemple, pour le pari « Jessica Pegula et Ekaterina Alexandrova gagnent chacune leur match 2-0 (respectivement contre Aliaksandra Sasnovich et Lauren Davis) », une cote de 3,80 paraît élevée, mais en fait il ne faut pas la jouer car il y a trop d’aléas. Jamais je ne joue ce genre de cote. Je montre dans mon livre ce qui relève du hasard et ce qui relève de l’analyse logique. Il y a des paris à ne pas faire si l’on ne veut pas payer des mises qui généreront de la perte.
Et la gestion financière ?
C’est un sujet que je traite en profondeur dans le manuel. Tout comme dans le poker, vous pouvez être un bon parieur mais vous ne dégagerez pas de profit si vous ne savez pas gérer votre budget-jeu. Au poker, une fois qu’on s’est formé, il faut faire du volume, jouer le plus possible, multitabler, grinder. Dans les paris sportifs, il ne faut pas multiplier les paris joués, mais ne jouer que des surcotes. Dans les paris sportifs, la massification ne passe pas par une augmentation du nombre de paris mais par une augmentation des mises, parallèle à l’augmentation de votre budget-jeu. J’indique toutes les règles budgétaires à respecter pour ne pas se faire tuer par la variance. La variance est redoutable dans les paris sportifs.
En novembre prochain commencera la Coupe du Monde de Football au Qatar. Il y aura de bonnes opportunités de pari, selon vous ?
Énormément, surtout dans le jeu live, c’est-à-dire dans le pari pendant le match. Mais cela vaut aussi pour d’autres disciplines. Le rugby, le basket, la boxe… On peut parier dans plusieurs sports. Dans tous les cas il s’agit de compétition, et la plupart du temps c’est le plus fort qui gagne, il est rare que la victoire soit attribuée au moins fort ! C’est pour cette raison aussi que les paris sportifs sont passionnants et qu’ils peuvent constituer une bonne manière de diversifier son jeu quand on est soi-même joueur de poker ou joueur de casino, par exemple.
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